Pas de spectacle, mais deux musées de la marionnette à Taipei

Notre voyage, nous a amené à nous arrêter 3 jours à Taipei… une durée très courte pour vraiment découvrir l’île de Taiwan. Pourtant ces quelques jours ont réussi à complètement me désemparer. Rémi a publié un billet, « lost in translation », qui illustre parfaitement mes émotions et qui vous permet de mieux comprendre comment je me suis perdue dans un miroir de poche et que j’ai fini à contre cœur au Mac do tant c’était le seul moyen de comprendre ce que je mangeais…

Ce petit stop nous a tout de même permis de découvrir un petit musée de marionnettes dans lequel nous nous sommes très vite bien senti. Grâce à son aspect non conventionnel, nous avons eu l’impression de pénétrer dans une grande male remplie de marionnettes. Ce lieu se situe dans un des plus vieux quartiers de Taipei (Dadaosheng) où les troupes de marionnettes étaient particulièrement nombreuses. Un peu à la mode lyonnaise avec Guignol, ce quartier était rempli de théâtres populaires où les marionnettes chinoises (surtout à gaine) étaient les vedettes. Aujourd’hui, ce sont les efforts conjoints d’amateurs passionnés qui ont permis la création de ce musée qui abrite aussi deux compagnies professionnelles : une compagnie qui perpétue la tradition marionnetistique chinoise et une autre qui se consacre aux formes contemporaines de la marionnette. A l’entrée, un atelier de construction donne d’ailleurs le ton : le lieu est bien vivant. Un seul membre de la compagnie était présent mais son accueil a été très chaleureux lorsque nous lui avons expliqué notre projet. Il nous a autorisé à prendre des photos et nous a offert un CD de musique traditionnelle chinoise qu’ils ont visiblement aidé à produire. Le reste de la compagnie était à l’étranger et aucun spectacle n’était programmé alors. Tout en faisant le parallèle avec Lyon dans notre tête, nous avons aperçu une affiche en Français avec le titre « La boite ». Nous nous sommes approchés et notre hôte nous a expliqué qu’ils avaient créé un spectacle avec une célèbre compagnie lyonnaise de guignol « Les zonzons ». Une fois de plus, la pratique d’un même art rapprochait les gens et les projets…

Dans le musée, des petits recoins à découvrir, des rideaux à soulever pour passer d’une salle à l’autre, des escaliers étroits qui montent presque jusqu’au grenier …, des tiroirs à tirer, des mini théâtres derrières lesquels on peut s’entrainer à manipuler, des tampons rigolos à utiliser pour garder un souvenir …

Un musée qui nous a permis de découvrir (et redécouvrir) avec plaisir la beauté des marionnettes asiatiques : vietnamiennes, taïwanaises, indonésiennes, coréennes…

 

A chaque fois, je suis séduite par ce carnaval de couleur : bleu, vert, jaune, rouge, orange, violet … aucune tonalité pastel… que des couleurs vives et assumées… Ces marionnettes sont pétillantes de beauté. Les couleurs leurs donnent vraiment un caractère, une personnalité. Elles sont sur leurs 31 et sont prêtes pour le « show ».

Je profite de cette remarque sur les couleurs pour revenir sur « Imago ». Plusieurs d’entre vous m’ont fait remarquer qu’il était dommage de ne pas avoir utilisé de couleurs dans mes marionnettes. Et pourtant l’utilisation de papier de soie, de bois, de carton quasiment à l’état brut a du sens pour moi, tout du moins pour la première phase de travail. « Imago » est ma première création théâtrale, un peu comme une esquisse, un croquis, une page qui s’écrit depuis plus d’un an sans vous lors des répétitions, dans mon atelier, dans mes rêves et avec vous lors de nos représentations, de nos échanges … Sachant que nous avons décidé d’écrire ce spectacle sur plusieurs mois, je prends le temps de découvrir mes marionnettes et ce qu’elles veulent me dire, ce qu’elles veulent transmettre aux enfants…

Trouver leur tonalité, leurs couleurs reste encore une étape à franchir.

J’avoue avoir des inquiétudes quant au fait de poser un acte artistique et de le rejouer à l’identique. Certes chaque représentation a sa part « unique » mais le canevas de jeux et les marionnettes sont les mêmes. En posant un acte de finition de mes marionnettes, j’ai peur de laisser s’éteindre mes envies de création autour d’ « Imago », comme si finir la marionnette, c’est un peu la quitter…

Revenons aux marionnettes taïwanaises, il s’agit principalement de marionnettes à fil ou à gaine, d’une hauteur de 30 à 40 cm. Les têtes sont sculptées dans du bois et les marionnettes sont vêtues de tenues très riches et façonnées avec beaucoup de finesse. Sans pouvoir leur donner des noms ou des significations, ces tenues renvoient directement à la Chine impériale, à ces citées secrètes et à ces fastes mystérieux.

Après l’exposition permanente, le musée a organisé une exposition sur l’influence de la révolution culturelle maoïste sur les compagnies de marionnettes. Rémi tente de m’expliquer la révolution maoïste, la révolution culturelle, la censure… et il m’assomme d’un coup avec un cours d’histoire… Je fais mine de tout retenir… Je retiens surtout que des milliers de marionnettes magnifiques ont été brulées et que certaines personnes n’ont pas hésité à risquer (et parfois perdre) leur vie pour en sauver quelques unes.

Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez visiter leur site : http://www.taipeipuppet.com/english/index-menu.html

L’après midi, nous avons pu découvrir un second musée, le «Puppetry Art Center of Taipei» dans un grand bâtiment près du monument dédié à un Monsieur visiblement important puisqu’il a une grande statue dans un grand hall et des gardes restent immobiles à côté. Je ne sais pas s’ils veulent jouer à la statue mais ils restent tellement immobiles que quelqu’un doit venir les masser sans qu’ils bougent. Pour plus de détails, vous demanderez à Rémi, il vous assommera aussi d’un bon cours d’histoire… Si le premier musée était surprenant, le second nous a un peu déçus. Je ne sais pas si c’est le terme « Art Center » qui nous a fait espérer beaucoup mais le fond nous a semblé presque un peu pauvre par rapport à la qualité du musée du matin. Heureusement, la visite était animée par les rires d’un groupe d’enfant qui faisait une visite guidée avec de nombreux jeux de manipulations.

Nous avons tout de même pu voir des éléments nouveaux et typiques de Taiwan comme les grandes têtes de dragons pour les cérémonies et fêtes ou encore des films, genre « héroïc fantasy » avec des marionnettes. Ces films m’ont surprise et amusée à la fois car les marionnettes représentaient des personnages très sombres et qui se battent un peu aux « chevaliers du zodiaque » avec du faux sang et des décors de neige … Il semble que ces marionnettes ne connaissent pas de vie théâtrale mais seulement une vie d’animation télévisuelle.

 

Une très belle collection de marionnette d’ombre chinoise nous a également beaucoup plus. La finesse des traits de ces marionnettes, la transparence des peaux animales et le fait d’inverser les « pleins » des « vides » en comparaison aux marionnettes indonésiennes, me plaît beaucoup.

Avant mon retour en France j’aimerais travailler une « marionnette papillon » en ombre en utilisant une technique proche de celle-ci pour la prochaine version d’ « Imago ». En écrivant cela, je reviens sur mes doutes du début de l’article. Finalement, je peux mettre de la couleur et finir mes marionnettes actuelles, si je m’en lasse, j’en ferais d’autres…

Bise à vous,

Sandrine.

2 Réponses to “Pas de spectacle, mais deux musées de la marionnette à Taipei”

  1. LAMBERT Says:

    Quelle confiance et quelle inconscience pour une marionnette d’accepter de passer de main en main, certes , c’est dans un musée !

    Moi ,si j’étais marionnette. . . . . . . Enfin ! . . . . C’est très peu possible,

    Mais si ça arrivait. . . . . Eh bien, je prendrais tout ça EN MAIN …..

    et PLUS QUESTION DE PASSER LA MAIN !!

    à demain!

  2. Christophe Says:

    Ne sommes nous pas tous les marionnettes du destin ? C’était la pensée philosophique (à 2 balles) du jour !

    Bises

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